Dans un nuage de poussière la navette se posa doucement sur la surface lunaire. Jan observa la rampe en train de descendre lentement. Il sourit et avança d'un pas résolu. Le ciel sans atmosphère était dominé par la vue de la Terre qui d’ici ressemblait à une boule d’acier avec d’étranges protrusions.
Ils progressaient à trois le long du chemin lumineux menant au site de construction. Le reste du personnel était resté à bord pour ne pas polluer les images et sachant que leurs discussions n'était pas transmises ils bavardaient en route.
- Des cailloux. On a investi des milliards dans des cailloux - dit Marie d'un ton déçu
- D'après les projection nous les récupérerons en 15 à peine - répondit Hector d'un ton neutre.
- Personnellement je préférerais manger un steak en terrasse avec un verre de vin là, tout de suite.
- La dernière vache s’est éteinte en 2054.
- Je sais, et elle était délicieuse. Est-ce qu’on pourrait pas cloner des vaches plutôt que construire des bases lunaires?
- Toi, manger du cloné? Ça ne te ressemble pas Marie - dit Jan. Et puis je préfère qu'on se souvienne de moi comme du PDG de la première corporation installée dans l’espace. Laisse les vaches à Megamart.
Ils arrivèrent au site de construction installé dans une caverne naturelle. Pour le moment il n’y avait que des projecteurs laissés par l’équipe d’exploration, arrangés pour donner un effet dramatique à la scène. Comme répété auparavant, Hector présenta la mallette à Marie qui l’ouvrit et saisit la hampe pour la donner à Jan. Ce dernier la planta dans le sol d’un air conquérant et la projection d’un drapeau d’Atlas flottant au vent en jaillit.
Les filmodrones prirent une image des trois astronautes rassemblés autour du drapeau, souriant. Le reste de l’intervention était pour Jan. Marie aurait bien dit quelques mots, mais les familles du conseil d’administration en avait décidé autrement. Et Hector observait la scène d’un œil d'aigle pour s’assurer que tout se déroulait comme écrit.
Marie s'éloigna discrètement. La caverne semblait suffisamment profonde pour l'occuper pendant un quart d'heure et l'idée de l'explorer donner au tout un parfum d'aventure. En suivant le chemin tracé par l'équipe d'exploration elle vit un passage qui n'était pas éclairé. C'était exactement ce qu'il lui fallait.
Elle alluma les projecteurs du scaphandre et s’engagea dans le passage. Le fait de voir dans une seule direction réveilla ses instincts primaires et fit monter l'excitation. Malheureusement le chemin aboutit rapidement à cul de sac.
Marie soupira. Juste de la roche autour d'elle et... Le faisceau du projecteur effleura quelque chose de lisse et brillant. Elle regarda de plus près. Cette surface n’avait pas l’air naturelle. Marie voulut la toucher. Ça voulait être touché.
Le discours était terminé et Jan s’autorisa un instant de détente. Il allait s’adresser à Hector quand la hampe grésilla et l’hologramme du drapeau disparut. Le filmodrone chuta au sol. Quelque chose ne se passait pas comme prévu.