Dinesh avançait d'un pas pressé vers la salle de contrôle. Ça faisait apparemment plusieurs heures qu’Ils avaient perdu le contact avec l'expédition lunaire. De ce qu'on lui a dit les systèmes de pilotage de la navette étaient encore accessibles. “Certes, les tech sur place ne comprennent pas entièrement ce qu’ils font, mais pas à ce point de tout bousiller” pensa Dinesh en se connectant.
A nouveau sa conscience fut aspirée dans le tunnel. Tout est calme. Anormalement calme. Il s'attendait à sentir les courant parcourant ce corps métallique, entendre le bavardage des systèmes internes discutant ensemble pour le faire fonctionner. Mais ce bruit de fond avait cessé et il avait l'impression d'habiter un cadavre.
Il sentit quelqu’un cogner sur la coque. Par réflexe il donna l'ordre d'ouverture, et à sa surprise il fut exécuté. Tout n'était pas HS finalement! Il ne pouvait pas voir la personne qui progressait dans les couloirs mais il pouvait sentir sa progression grâce aux portes qu'elle actionnait. Le silence devenait pesant et Dinesh essaya de trouver un moyen de communiquer. Quelques écrans semblaient encore fonctionnels. Il écrit “Expédition, ici la Terre, répondez”
Après un temps d'attente il sentit avec soulagement quelqu'un se connecter sur un port externe. Ce qui suivit était difficile à décrire. “S’injecter de la tequila en intraveineuse” était le mieux qu’il a pu trouver. La chaleur, l'ivresse et puis… la présence. Ce qui était là n'était pas humain. Son cerveau n'arrivait pas le restituer clairement sous forme d’une image, d’un bruit ou d'une texture. La seule chose qu'il ressentait était la peur, comme un petit animal devant les phares d’un poids lourd. “C’est un piège” lui souffla sa conscience. Mais c’était trop tard. Son inconscient terrifié avait déjà enclenché l’éjection d’urgence. Il se sentit englouti par le tunnel, la Présence sur ses talons.
Quelques interminables millisecondes plus tard Dinesh se sentit à nouveau dans son corps. Il inspira bruyamment, tremblant. Il vit le moniteur cardiaque au dessus du siège qui indiquait 196 bpm. Les son autours étaient assourdis et sa vision était floue, comme s'il était sous l'eau. Il voulut parler mais n'y arriva pas.
- Nous ne savons pas ce qu'il a - dit une voix empreinte de compassion professionnelle - Il nous faut du temps pour le remettre sur pied.
- Nous n'avons pas ce temps - lui répondit une voix dominatrice - Le conseil exige les informations de suite.
- La seule chose que nous pouvons faire c'est de télécharger le contenu de son implant cérébral. Sans préparation ça risque de causer des lésions irréversibles. Et ensuite il faudra éplucher une quantité gigantesque de données...
- Peu importe comment vous faites - coupa l'autre voix. Je veux ces données pour le prochain briefing.
Dinesh tenta de parler à nouveau, en vain. Il sentit une piqûre et entendit "c'est tout ce que je peux faire pour toi en si peu de temps l'ami" suivi d'un soupir. L’instant d’après il sombrait dans l’oubli.